À Bordeaux, à Vélo, on peut faire des photos…

L’un des petits inconvénients du matériel de photographie à la chambre 8×10, c’est l’encombrement et le poids. Il est de coutume de dire que ce qui est à plus de 100m du coffre de la voiture n’est pas photogénique ! Certains ont trouvé dans diverses sortes de remorques ou poussettes une solution de portage. Je m’y suis essayé par le passé et si c’est une solution satisfaisante pour étendre le rayon d’action autour de la voiture, ça ne permet pas vraiment de se passer de celle-ci.

Or, installé à présent à Bordeaux, j’ai remisé ma voiture familiale pour ne plus utiliser que différentes sortes de bicyclettes. Bordeaux est une ville plate (à défaut d’avoir des rues bien lisses) et j’y ai retrouvé le plaisir de me déplacer au quotidien à bicyclette. La politique locale en faveur des déplacements à vélo y est assez développée et j’estime mon rayon d’action à une quinzaine (voire vingtaine) de kilomètres autour du centre ville où je réside.

L’avantage du vélo, c’est qu’on se déplace dans un paysage en étant totalement ouvert à celui-ci, contrairement à l’automobile qui enferme dans une bulle de vitesse (entre deux bouchons) et dans le cadre imposé par les vitres. Circuler à vélo, c’est déjà regarder le paysage. Ainsi, la moitié du travail du photographe peut se faire sans quitter la selle !

Naturellement, j’en suis venu à imaginer un projet photographique sur l’urbain et le périurbain bordelais en prévoyant de le faire à vélo. Fin mai, au douvan du funeste mois de juin qui vit an isalope me voler mon outil de travail, mes camarades de l’association Récup’R, membres de l’Heureux Cyclage, m’ont prêté le biporteur construit par l’ami Benoit, une solution de portage qui allie ce plaisir du cycle et celui de la photo en grand format. J’ai donc passé 24 heure à promener ma chambre dans le baquet.

2014-05-15 18.22.52-WP
Les vélos rouges sont ceux qui vont le plus vite, c’est bien connu !
BDX001-WP
Rue Lucien Faure, entre les bassins à Flot et le pont Baba, un bâtiment cerné par les dents creuses et les chantiers.
BDX013-WP
Pont des écluses des bassins à flot.

BDX002-WP
Au pied du pont d’Aquitaine.

Stop ou encore ?

Bon, maintenant qu’on m’a volé mes chers outils, je me pose des questions existentielles.

En 2008, alors que je vivais en Martinique, j’ai eu envie de reprendre la photo en tâtant de la chambre. J’avais en tête les travaux de Walker Evans et aussi ceux de Gabriele Basilico et Raymond Depardon pour la DATAR, mais ma culture et ma pratique photographique passée étaient surtout issues de la tradition de la photo humaniste à la française et au petit format.

Sur les conseils des habitués du forum et du site galerie-photo, j’ai opté pour le 8×10. J’ai imaginé un projet qui s’est transformé en commande publique, me procurant un budget relativement confortable, et j’ai appris en faisant, de mi-2009 à mi-2012.

Dans le même temps, j’ai découvert tout un pan de la photographie que je ne connaissait pas, et en particulier des américains tels Stephen Shore, William Eggleston ou leur cadet Alec Soth. Les deux derniers ayant pratiqué le 6×6 et certains membres du forum cité plus haut pratiquant un prosélytisme éhonté pour le Rolleiflex, je me suis essayé avec plaisir à ce format, relativement léger en comparaison de la chambre. J’ai retrouvé une spontanéité dans le geste presque aussi grande qu’avec mes Leica M du temps passé.

De retour en hexagone, j’ai eu une nouvelle commande. Pour des raisons de budget, j’ai choisi de la traiter en 8×10 et 6×6. Ce faisant, j’ai épuisé mon stock de films et de chimie, juste avant qu’on ne me dérobe presque tout mon matériel de prise de vues, me renvoyant à la case départ.

Je me demande à présent ce que je vais faire. Continuer le grand-format 8×10, une fois que j’aurai trouvé le budget nécessaire, ou me consacrer plus exclusivement au moyen format 6×6 à la fois plus maniable mais plus limité techniquement. Finalement, je ne sais pas si mes photos présentent assez d’attrait pour que j’insiste.

20110926-006-IM-WP

Liste du matériel volé

Voici le matériel 8×10 et 6×6 qui m’a été volé dans le TGV gare Montparnasse le 18 juin 2014 à 19h20 environ.

  1. Un grand sac à dos Lowepro photo trakker AWII, vert et noir.
  2. Une chambre Arca-Swiss F-Line 8×10, présentant les particularités suivantes :
    • Le corps arrière 8×10 est un M-Line, il n’a donc pas d’échelle graduée sur le décentrement horizontal.
    • Le rail télescopique de 40cm est composé de rails de première génération, plus plats que les actuels, mesurant respectivement 15 et 25cm.
    • La molette de mise au point du support de base arrière est dépourvue de caoutchouc cranté.
      arcasfarr
    • La pince du support avant laisse du jeu dans la prise du corps avant, et il n’y a plus de niveau, ce qui laisse un trou.
    • Le soufflet standard 8×10 est en parfait état et le soufflet grand angle également.
    • Le corps avant est en 171, il a un niveau sec à droite, et j’y laissais à demeure un réducteur 171/110.
    • Dans le sac il y a un rehausseur Arca-Swiss de 5cm pour le corps avant.
  3. Une optique Fujinon C450 f : 12,5 n° série 641433, en état quasi neuf, Copal 1, entièrement noire, montée sur planchette Arca 110, rangée dans un wrap Domke de couleur rouge.
  4. Une optique Fujinon A300 f : 9, plus ancienne mais en bel état, Copal 1, avec une bague de sélection de vitesse couleur métal, montée sur planchette Arca 110, rangée dans un wrap Domke de couleur grise.
  5. Une optique Schneider G Claron 240 f : 9, en bel état, Copal 1, entièrement noire, montée sur planchette Arca 110, rangée dans un wrap Domke de couleur jaune.
  6. Un posemètre Kenko Flashmeter KFM2100, sur lequel la fine bande de caoutchouc au sommet a disparu, avec une pile de couleur jaune et argentée.
  7. Un Rolleiflex type F « white face » Xenotar 80 mm – f : 2,8 – n° du boîtier 2958175, avec sa sangle de cuir et un bouchon pliant noir, rangé dans un wrap Domke de couleur noire.
  8. Cinq châssis 8×10 dont un encore chargé de Portra 160NC, rangé dans une sacoche de congrès médical Sannofi-Pasteur.
  9. Un trépied Gitzo SYSTEMATIC Series 5 carbone, 6-section, avec une leveling base Gitzo et une rotule Arca-Swiss B1 à serrage par molette vissante. La platine de la rotule présente les stigmates de plusieurs chutes.
  10. Un certain nombre d’accessoires, dont un voile de visée Harrison et une tente de chargement Harrison, une loupe 4x Rodenstock, un disque de calcul de profondeur de champ Rodenstock, un niveau à deux bulles rouge, une clé de montage pour les optiques, une poire soufflette bleue…

Si vous apercevez tout ou partie de ça, merci de me prévenir rapidement par email, en gardant discrètement un œil sur les coordonnées du receleur.

MERCI !

 

Au voleur !

Hier, le 18 juin à 19h20, à Paris Montparnasse, je suis monté dans le TGV pour Bordeaux et j’ai déposé mes bagages sur le rack au centre de la voiture.
Je me suis écarté pour laisser passer les passagers et quand deux minutes plus tard je suis retourné au rack pour vérifier que personne n’avait posé une grosse valise dessus mon précieux matériel, mon sac photo avait disparu.

On m’a volé ma chambre Arca 8×10 avec ses trois optiques (Fuji C450, Fuji A300 et G-Claron 240) et le soufflet GA supplémentaire, le gros pied carbone Gitzo et sa rotule Arca, cinq châssis et le flashmètre Kenko, mon Rolleiflex 2,8F xenotar White Face, quelques petits accessoires, le tout dans un sac Lowepro Photo tracker AWII.

Si vous voyez passer ça, faites moi un signe rapide et discret, voire appâtez le vendeur pour que j’essaye de le serrer et de lui refaire la face.

Évidemment, à part la RC de mon assurance habitation, je n’ai pas d’assurance spécifique.

Merci pour votre aide dans mon désespoir.

Le bon plan ?

En pratiquant le grand format et dans une moindre mesure avec le moyen format, le choix du plan de netteté devient une question cruciale.

Pour dire les choses simplement à mes ami(e)s qui ne sont pas photographes, le plan de netteté c’est un plan imaginaire, une sorte de coupe virtuelle dans l’espace qui se trouve devant l’objectif, à la distance de mise au point. En avant et en arrière de ce plan de netteté maximale, la netteté décroit progressivement et reste jusqu’à un certain point acceptable. On appelle profondeur de champ cette étendue perçue comme nette. Voir l’article d’Henri Peyre sur Galerie-Photo.

Le problème avec le moyen et le grand format, c’est que le net est vraiment très net (on parle de photo à haute résolution) et qu’on réalise souvent des tirages de grandes dimensions pour exploiter cette résolution. Or, la profondeur de champ (qui n’est qu’une impression visuelle liée à la tolérance de l’œil), semblera moins grande sur un grand tirage que sur un petit, tout simplement parce qu’en agrandissant beaucoup, le « un peu flou » qui parait « quasiment net » sur un petit agrandissement devient carrément flou sur un grand ! Donc, l’étendue semblant nette en avant et en arrière du plan de netteté se ressert. La profondeur de champ ressentie diminue. Et le plan de netteté que j’ai qualifié de virtuel peut même devenir bien visible.

Au delà du problème technique, c’est une donnée à intégrer au langage photographique. Finalement, il faut bien déterminer les éléments qui vont immanquablement attirer l’œil et qui ne souffriront pas d’être ne fusse qu’un peu flous. Et il vaut mieux placer le plan de netteté à ces endroits. Avec les bascules de l’appareil et les diaphragmes apparemment très fermés – pour qui vient du petit format 24×36 – le débutant à la chambre croit pouvoir atteindre une profondeur de champ totale. Mais c’est une illusion dès que l’on veut de grands agrandissements. Il faut donc apprendre à choisir.

J’ai parfois repensé à un plan (au sens cinématographique cette fois) qui m’avait pas mal gêné dans Pulp Fiction. C’est juste avant la scène mythique de danse. Dans mon souvenir (ce n’est pas d’hier) Uma Thurman et John Travolta entrent dans la boîte et ils sont nets et sombres à l’avant-plan, alors que l’intérieur de la boîte est bien éclairé mais dans le flou à l’arrière-plan (à moins que ce ne soit le contraire, je n’ai pas de moyen de vérifier, mais en tous cas la lumière et le point posent des priorités visuelles antagonistes assez déstabilisantes).

C’est un peu ce que je me suis exercé à faire avec mes Rollei 6×6. J’ai entamé une série où je fais la netteté sur un avant-plan, tout en rejetant dans le flou un arrière-plan pourtant très présent. Il s’ensuit une petite collision des priorités des signes. Là, ce n’est pas la lumière qui crée un trouble visuel, c’est un petit jeu moins marqué, peut-être plus subtil, ou le sujet et le point jouent à cache-cache. C’est pour l’instant seulement un exercice amusant et assez pédagogique (pour moi en tous cas), mais qui sait, peut-être la série prendra-t-elle de l’ampleur.

Franke & Heidecke

Rien de neuf côté travaux en cours. Les dernières images réalisées sont dans le congélateur et attendent ma prochaine cession de labo.

Mais voilà mes deux cadeaux d’anniversaire, à gauche et au centre, à côté du vénérable Rolleicord qui m’a fait découvrir les joies du TLR. Le Xenotar White Face a de petits défauts cosmétiques alors que le Planar n’a que quelques éclats de peinture.

C’est le moment !

Pour le photographe de paysage, la lumière naturelle est un des paramètres esthétiques et techniques sur lesquels il n’a pas de prise directe. En studio, avec les outils et compétences ad hoc, on fait pratiquement ce que l’on veut. En extérieur, en revanche, difficile de bouger ou de graduer la source principale, un certain Monsieur Soleil (Madame n’est plus disponible depuis quelques années).

On a cependant encore la possibilité de choisir le moment de la prise de vue, en sachant que l’astre du jour a la bougeotte prévisible et que le photographe bien informé n’a qu’à se tenir prêt au bon moment pour que le gros projecteur soit au bon endroit. Une façon de marier l’instant décisif avec la manière lente des contemplatifs !

Il restera le paramètre nuage, qui viendra éventuellement mettre un filtre devant la source, mais ça, c’est moins facile à prévoir.

Pour calculer les positions du soleil au long d’une journée donnée et pour un endroit donné, il existait auparavant un logiciel pour Palm. Peut-être cela existe-t-il aujourd’hui sur smartphone, mais il y a sur Internet un site très pratique : sunposition.info.

Voilà ce que cela donne pour mon quartier et aujourd’hui :

On a deux informations : l’orientation du soleil par rapport à la boussole (son azimut) et la hauteur (en degrés).

On voit que le soleil passera l’horizon à 6h30 au cap 128. Qu’à 8h, il sera à une hauteur de 20°, dessinant des ombres assez longues si c’est ce que l’on cherche. Qu’au plus haut, il sera à 52° à 12h, ce qui donne encore un certain modelé au paysage, quelque chose comme une lumière méditerranéenne. Le passage d’Est en Ouest est par ailleurs assez régulier, ce qui donne la possibilité de choisir une orientation de la lumière en fonction des façades de bâtiments que l’on veut au soleil ou à l’ombre. En bref, sauf formation nuageuse impromptue, toute la journée sera propice à faire des photographies mariant la lumière et les ombres.

Pour comparaison, voilà ce qui m’attend dans six mois :

Là, le soleil ne change pratiquement pas d’azimut pendant 5 à 6 heures, grimpant à plus de 80°. Entre 10h et 14h, on a donc une lumière de plomb qui tombe comme une douche, éclate de lumière et métallise le sommet de tout les objets. Au passage, on voit que le soleil bascule en deux heures à 180°… en passant par le Nord, pour finalement redescendre aussi fixement et aussi longuement qu’il est monté.

Dans ces conditions, pas facile de choisir l’azimut ! C’est un peu tout ou rien. Soit tel côté le matin, soit l’opposé le soir. On peut au moins se consoler en considérant qu’à cette période les façades au Nord sont éclairées.

Pour voir l’évolution des ombres en fonction de la course du soleil, on peut aller sur le site astro.unl.edu. Pour info, la Martinique est à la latitude 14,4N environ. En jouant sur les paramètres, on découvre que le 28 avril à 11h57 locale, le soleil sera à 90° à son zénith !

Le graphique de sunposition confirme :

Ce jour là, il sera plus simple de faire des photos dans les rues d’Amiens…

… s’il ne pleut pas !

Ma première trichromie

Pour celles et ceux qui l’ignorent, la trichromie est un procédé photographique inventé au 19ème siècle, présenté à la Société française de photographie le 7 mai 1869, pour réaliser des images en couleurs à partir de trois prises de vues en noir et blanc. Dit comme ça, cela semble un peu incroyable, non ?

Les photographes habitués du forum galerie-photo savent évidemment de quoi je parle. Ils s’y sont tous essayés sous l’effet du prosélytisme de l’ami Henri Gaud. Les lecteurs de la revue 6 Mois ont également découvert, dans le premier numéro, les travaux de Sergueï Prokoudine-Gorski sur la Russie Tsariste du début du vingtième siècle. Mais j’aimerais expliquer le principe de la trichromie avec des mots simples, pour deux ou trois ami(e)s pas photographes qui me disent régulièrement ne pas comprendre ce blog lorsque ça commence à causer technique.

Donc, les couleurs visibles, celles qui nous intéressent généralement en photographie, peuvent être reconstituées à partir de trois couleurs de base, que l’on appelle les couleurs primaires et qui sont le rouge, le vert et le bleu. Je parle bien des couleurs primaires que l’on va mélanger optiquement, pas des pigments des tubes de gouache de nos souvenirs enfantins. Vous n’êtes pas convaincus qu’avec seulement trois couleurs, on peut reconstituer toutes les autres ? Et bien, si vous regardez un écran de télévision ou d’ordinateur de très très près, vous verrez que les pixels qui constituent l’image sont constitués d’une matrice de trois points respectivement et exclusivement rouge, vert et bleu. En faisant varier l’intensité de chacun de ces trois points de la matrice rouge/vert/bleu, on obtient un pixel de la couleur que l’on veut. On appelle cela la synthèse additive.

Donc, pour réaliser notre photo couleur avec de la pellicule noir et blanc, on fait trois clichés en plaçant devant l’objectif un filtre coloré. Ainsi, sur le premier cliché, on met un filtre rouge, dont la caractéristique est de ne laisser passer que la part rouge de la lumière et donc du sujet qu’on photographie. La photographie que l’on vient de faire est bien en noir et blanc, mais elle n’a enregistré que la composante rouge de chacun des points colorés du sujet de la photo. On fait la même chose avec un filtre vert pour le deuxième cliché et avec un filtre bleu pour le troisième.

Ce qui nous donne, après développement et numérisation de ses trois clichés, ceci :


Ce premier négatif, ci-dessus, a enregistré la composante rouge de la couleur du tableau. C’est un négatif, donc ce qui est foncé deviendra clair, et ce qui est plus foncé que sur les deux négatifs suivants sera plus rouge, ce qui est le cas du manteau du Christ.


Le deuxième a enregistré la composante verte.


Et le troisième avec la composante bleue, où l’on voit que l’auréole du Christ est plus claire que sur les deux précédents, ce qui est logique puisqu’elle est jaune, couleur complémentaire (opposée, en quelque sorte) du bleu.

Avec Photoshop ou un autre éditeur d’image puissant, on superpose les négatifs pour reconstituer les couleurs (on peut également le faire au labo, mais c’est beaucoup plus compliqué !) et comme par miracle, Sainte Véronique reprend ses couleurs :

Je l’ai dit, c’est ma première trichromie. Il y a donc des imperfections dans l’équilibre chromatique, mais c’est pour moi un plaisir sans pareil que d’être arrivé à produire une image couleur avec du film noir et blanc. Au passage, on voit que les châssis, et les plans-films à l’intérieur de ceux-ci, ne se positionnent pas parfaitement identiquement d’une prise de vue à l’autre, d’où les bords colorés, et qu’il faut donc prévoir une petite marge de sécurité lors du cadrage.

Économiquement, ça n’a pas grand intérêt pour l’instant. Utiliser 3 bons plans-films N&B au lieu d’un seul en couleur revient au même prix voire un peu plus cher, sans parler du temps passé à scanner trois films au lieu d’un et à faire l’assemblage. Mais il y a au delà de ça un double intérêt : essayer, par la maîtrise de la séparation trichrome et de l’assemblage, de mieux comprendre comment nait la couleur et comment la contrôler ; préparer un avenir qui nous privera peut-être de films couleur si kodak et fuji décide d’abandonner, alors qu’en N&B il y aura toujours une production chez les petits industriels.

Pour avoir un tirage, venez à la prochaine Sainte Véronique !

Osons du G-Claron !

Et hop, me voilà détenteur d’un 240mm, focale dont j’avais envie depuis un moment.

J’envisageais d’abord un Apo-Sironar S 240, dans la même famille que mon 300 Sinaron (S, donc un simple N chez Rodenstock). Mais finalement, le passage de la Sinar à l’Arca m’ayant donné aussi des envies de légèreté et de compacité, j’ai opté pour un G-Claron racheté à Francois C., sur le forum de galerie-photo. La grande question était de savoir si ça couvrait assez en 8×10. D’après François oui et d’après d’autres non. Voici la preuve que ce sont les autres qui avaient tord !

A Bellefontaine, cette focale est idéale pour « faire » cette kay de l’autre côté de la route du littoral. Mon exemplaire du petit Schneider couvre bel et bien le 8×10. Ici nous avons 1 cm de décentrement vers la droite et 2 cm vers le haut, plus une bascule avant de 2°. Il n’y a aucun vignettage. En tenant compte de la bascule, cela correspond à un décalage de 3cm sur le rayon soit 6 cm sur le CI.

Là, en revanche et 50m plus loin, on atteint les limites du CI, avec 3,5 cm de décentrement vers la droite, 2,5 cm vers le haut, et une bascule avant de 3°. A l’endroit où ça vignette, je peux peut-être récupérer du ciel avec photoshop. sans le décentrement horizontal, ça passait encore. Et en tenant toujours compte de la bascule on aurait eu une augmentation du rayon de près de 4 cm, soit 8 cm sur le CI.

Le même endroit quelques heures plus tard. Même réglages et vignettage encore sensible mais supportable dans l’ambiance nuit.

Quoi qu’il en soit, ce 240 me plait beaucoup ! Ce qui ne gâche rien, ce sont ses dimensions, qui permettent de le laisser monté sur la chambre lors du rangement de cette dernière dans le sac à dos.

L’ensemble est particulièrement peu épais !

Si si, l’optique est bien là !

Et retour dans le sac à dos, prête à être dégainée.

Notez que le voile tube BTZS dans lequel j’enveloppe ici la chambre n’est pas adapté à une F-Line bien moins rigide qu’une Norma. Le simple fait de retirer le voile (et son élastique très serré) du cadre arrière peut dérégler légèrement la chambre. C’est encore pire si l’on prends le rail avec le cadre dans le tube. Demain, je pars avec le voile classique Harrison.

Et j’attends avec impatience l’arrivée de mes planchettes 110, lesquelles me permettront de remplacer le Sinaron par un Fuji A 300 que je viens de recevoir. J’aurai ainsi dans le sac à dos trois optiques très compactes :  G-Claron 240,  Fuji A 300, Fuji C 450. Si ça continu, je vais commencer à savoir ce que je fais et avec quoi je le fais ! Mon objectif initial d’apprentissage productif serait-il en passe d’être tenu ?