Et l’humain dans tout ça ?

Une des critiques faites à la mission photographique de la DATAR était ce qu’on a appelé « l’effet bombe à neutron ». Cette bombe, si vous vous en souvenez, avait pour objet de tuer les gens sans trop détruire les biens matériels (on a le sens pratique dans les labos des marchands d’armes). Plus clairement, certains reprochaient à la mission de livrer une représentation du paysage vidée de toute présence humaine.

Depardon, durant la promo qui accompagne la livraison de son récent travail sur la France, s’en explique en avançant les temps de pose trop longs qu’impose le grand format. C’est parfois vrai pour les personnes en mouvement, ça l’est moins dès qu’il y a un peu de soleil et que les gens sont immobiles et pas trop près (voir sa photographie du garage Too Pneus).

Mais finalement, est-ce un défaut? Dans la photographie de paysage urbain, l’humanité qui n’est pas directement à l’image transpire de partout.

Pour autant, ce travail à la chambre étant surtout pour moi une recherche autour du médium, j’ai parfois rangé ma bombe à neutron. Voici quelques intrusions humaines dans cette série.

10 mai 2010 (29e anniversaire), dans le quartier de l’Ermitage, la rue de la Lumière est à côté de la rue du Photographe. C’était mon premier portrait à la chambre et je n’ai pas osé leur demander de se placer plus à droite et au milieu de la rue. Mais j’aime bien leur façon de poser, artificielle mais pas coincée.

18 septembre 2010, au Robert. J’ai demandé si je pouvais faire une photo. Les pêcheurs sont partis et ont ramené un gran moun qui à l’origine de leur installation à cet endroit. Qui mieux qu’eux pouvaient savoir celui qui devait occuper ce lieu sur ma photographie?

18 septembre 2010, au Robert. J’avais empêché quelques voitures de se garer près du ponton. Au début je me tenais plus en avant, sous l’arbre. Puis j’ai choisi d’intégrer celui-ci à l’image, et plutôt que de faire enlever la Peugeot, j’ai appelé le propriétaire qui s’était assis hors du champ de l’appareil pour lui montrer l’image sur le dépoli. Un de ses amis est venu le saluer et ils ont eu la bonne inspiration d’aller, sans que je ne le leur demande, poursuivre leur conversation près de la voiture, tranquillement.

Une réflexion sur “Et l’humain dans tout ça ?

Laisser un commentaire